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04/11/2011

Bruno Bini : "Si on veut franchir un palier, il faut une ligue professionnelle"

L'entraîneur de l'équipe de France féminine était à Rodez ce week-end. Il évoque la D1, l'équipe de France, l'engouement populaire… football. Coupe du Midi. Dernier tour Aveyron-Lot.

Ce week-end, vous étiez à Rodez pour assister à la rencontre de D1 entre Rodez et Yzeure. C'est important pour vous d'être régulièrement présent aux matchs ?

évidemment. Je le fais très régulièrement. C'est important d'être proche des clubs, des entraîneurs, et même s'il n'y a pas d'internationales à Rodez. Je viens deux fois dans la saison en général. Une fois juste pour assister à un match et une autre afin de venir aux entraînements et au match. C'est un travail de proximité. C'est redonner à tous ces clubs de D1 ce qu'il donne à l'équipe de France. Je le faisais quand j'étais au district et en Ligue, pourquoi je ne le ferais pas maintenant ? Je pense surtout que ça me manquerait.

Comment voyez-vous l'évolution de la D1, avec notamment 4 clubs, Lyon, Paris, Montpellier et Juvisy, au-dessus du lot ?

Pour moi, il n'y a que Lyon qui est intouchable. Et la différence ne se fera pas lors des matchs entre ces 4 équipes. Je pense, a priori, que seul Lyon ne perdra pas de points. Les autres oui. Regardez, le PSG a fait le nul face à Yzeure. Ces équipes sont au-dessus, mais il est possible de les accrocher. Après, pour moi, pour passer un palier, on doit arriver à une ligue professionnelle. Avec des clubs qui n'auraient que des clubs fédéraux, ou au moins des mi-temps. Ce n'est pas possible autrement. Dans certains clubs, après l'entraînement, les filles ont terminé leur journée et bénéficient de kinés, de médecins, pendant que d'autres vont au boulot.

Mais n'est-ce pas condamner certains clubs, comme Rodez, qui n'auraient pas les moyens d'avoir des contrats fédéraux ?

Qui vous dit que Rodez n'en a pas les moyens ? Le club a bien des contrats fédéraux pour l'équipe masculine. Alors, pourquoi pas pour les féminines ? On doit bousculer les conventions. Pour une ville, un département et même un club, avoir une équipe féminine au plus haut niveau, ça peut être plus valorisant et même créer moins de problèmes. Après, il y aurait un accompagnement financier important de la fédération. Une mise en commun de ressources, au niveau du sponsoring. Pour moi, c'est la solution pour que le foot féminin avance. Soit on fait du haut niveau, soit on reste comme ça. Augmenter la masse des licenciées, ce n'est pas mon problème. Nous, on a fait le job au niveau de l'image et des résultats. Maintenant, il faut continuer à avancer.

Que pensez-vous des résultats et du classement de Rodez, pour cette 2e saison en D1 ?

Ce qui sauve Rodez, c'est son jeu. Franck Plénecassagne a toujours mis en place des équipes joueuses. Sur la durée, c'est ce qui paye. C'est un vrai club familial, les filles sont contentes d'être là. Et ça, ça vaut 3 points de plus sur une saison. Une équipe qui joue, c'est l'avenir du foot féminin. Nous, avec l'équipe de France, on était content quand tous les observateurs de la Coupe du Monde ont dit avoir été séduits par le jeu de la France et du Japon. C'est l'avenir. Ça ne parlait pas, il y avait beaucoup de jeu vers l'avant. C'est ça la philosophie du foot. Quand vous jouez Lyon, et que vous faites du jeu, vous risquez d'en prendre 5 ou 6. Maintenant, si vous restez en défense, vous pouvez en prendre autant. Alors, autant jouer. Après, pour toutes les « petites équipes », Lyon semble intouchable. Et ça, c'est une de leur force. C'est un gros avantage, comme pour nous, quand Israël ou le Pays de Galles sont persuadés qu'ils ne pourront pas nous battre. Pourtant, impossible, jamais et toujours, ce sont les 3 plus grands menteurs de la vie, dans tout, pas que dans le sport. Il faut se méfier quand on les utilise.

Un mot justement sur l'entraîneur de l'équipe ruthénoise, Franck Plénecassagne.

Nickel chrome. C'est la bonne personne à la bonne place. Il est enraciné dans sa ville, dans son club. Il a une bonne philosophie du jeu. C'est un garçon charmant, adoré par ses joueuses. Elles iraient au feu pour lui. Ce qu'elles ne feraient pas si ce n'était pas un bon coach. Je l'ai tanné pour qu'il retourne passer une partie de son DEF. Ce qu'il fait enfin cette année. C'est une belle rencontre dans ma carrière. Tout comme celle de Pierre Doutre, le président de l'association. Ce sont des gens qui sont vrais, des « gens normaux », comme moi. Moi, je suis un mec ordinaire.

Parlons maintenant de l'actualité de l'équipe de France. On vous a vu, la semaine dernière, très énervé sur le banc de touche, lors du match France-Israël. L'intervention d'individus pendant le match aurait pu vous coûter la victoire. Vous avez eu peur ?

Oui, j'ai eu peur. Ce n'est pas le lieu pour faire passer des messages politiques. On aurait pu saccager notre travail, celui qu'on vient d'effectuer sur les 10 dernières années. C'est très dur. On doit respecter le travail que j'ai fait. Quand on a enfin repris le match, un seul revenait sur la pelouse, et c'était fini. En plus, ça a cassé le ressort. Les filles n'y étaient plus. Alors que l'on avait fait une de nos meilleures premières mi-temps, depuis plusieurs matchs. Il y avait 11 000 spectateurs, une bonne ambiance. Si on n'avait pas eu le match en main, on pouvait alors être en danger sur la fin du match.

Vous parlez du public. Il est de plus en plus nombreux. Vous vous y attendiez ?

Depuis notre retour de la Coupe du Monde, oui, on s'y attendait. Il s'est passé quelque chose. Les gens sont tombés amoureux de cette équipe. Pour plusieurs raisons. D'abord, parce qu'on a produit beaucoup de jeu. Ensuite, parce qu'il s'est dégagé un truc de cette équipe. Il y a eu de l'envie, de la fraîcheur, des sourires. Les filles sont heureuses ensemble, elles ont un projet, elles se sont défoncées pour le maillot. En plus, il n'y avait pas d'actualité pour les garçons. Et il y a aussi les 3 mots magiques : Coupe du Monde… Car pour les gens, c'était aussi difficile de jouer l'Islande que le Nigéria. Il ne fallait pas y aller décontracté, ne pas se louper. Une compétition comme celle-là, ça peut faire gagner ou perdre 10 ans. Là, on les a gagnés.

Vous parlez de ce public qui est tombé amoureux de l'équipe de France féminine. Au point de lui rendre de la plus belle des manières, en match amical à Lens ?

Rien que de l'évoquer, j'en ai encore des frissons, et pour les filles, c'est pareil. Un stade de 18 000 personnes qui vous chantent les « Corons » a capella, c'est magique. Au départ, on devait jouer ce match, là-bas, en Pologne. Et le président de la fédération a demandé à ce qu'il y ait une inversion. Vu l'engouement qu'on avait suscité pendant la Coupe du Monde, ce n'était pas imaginable pour lui qu'on ne retrouve notre public qu'en octobre. Et il voulait qu'on joue dans un grand stade. Et ça a été Lens. Vous imaginez, 18 000 personnes pour un match amical de l'équipe de France féminine, contre la Pologne. Qui nous chante les « Corons » pendant qu'on fait le tour d'honneur. C'était fantastique…

Accessible, l'entraîneur de l'équipe féminine, Bruno Bini, va régulièrement à la rencontre des clubs et des entraîneurs de D1. Ce week-end, il était à Rodez pour le match contre Yzeure/Photo DDM, F. P

La Dépêche du 03/11/2011 Propos recueillis par F. P.

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