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13/03/2007

Parlons Foot

medium_DSCN0224.5.JPG L'Argent dans le Foot Féminin

Christine : Je constate que le championnat cette saison va se jouer entre 3 équipes (Lyon, Montpellier et Juvisy) Lyon va être au dessus du lot (vu l'implication d'Aulas qui fait comme chez les hommes) Ne craignez vous pas que si les moyens ne suivent pas il y aura un championnat à deux vitesse ?

Nicole ABAR : En début de saison, j'avais fait de l'OL mon favori en regard de son recrutement et je ne me suis pas trompée. Le championnat à deux vitesse existe depuis plusieurs saisons en fonction du nombre de joueuses de l'équipe de France A qui composent l'effectif de l'équipe. Le TFC d'ailleurs en son temps était aussi dans ce type de configuration à la différence que les joueuses avaient été formées dans la région et non pas arrachée à un autre club à la faveur d'un projet professionnel et de gratification financière.

Je regrette que le fossé se creuse à chaque saison davantage entre les différents clubs de D1, mais dans le même temps je comprends les joueuses qui méritent une reconnaissance et qui légitimement aspirent à préparer au mieux leur fin de carrière sportive. Les conséquences sont lourdes car le nombre de joueuses de haut niveau en France n'est pas assez important. J'observe donc avec intérêt ce qui se passe à Lyon et pour l'instant j'ai plutot un regard positif car c'est ce vers quoi il faudrait tendre pour au moins 10 clubs.

Pour ce qui concerne le TFC, nous investissons beaucoup d'énergie pour construire les conditions d'un projet professionnel pour les joueuses en situation d'accès au marché du travail. Ainsi, en relation étroite avec le service de la communication nous avons approché à plusieurs reprises les entreprises partenaires de plusieurs manières : par mail avec l'envoi des CV et directement en participant aux différentes manifestations qui leur sont dédiées.

Cette saison, de manière délibérée, le marketing du TFC a trouvé un sponsor, "RANDSTAT", dont le métier justement est le travail en intérim et le recrutement et placement de longue durée. Nous serons d'ailleurs le 19 mars sur la place du Capitole aux côtés de ce partenaire dans un bus à ses couleurs.

Dans le même temps, grâce aux services de l'état, nous tentons de valoriser auprès des éventuels employeurs les aides ministérielles dont peuvent bénéficier les entreprises lorsqu'elles recrutent des sportif(ve)s de haut niveau. Je profite donc de l'occasion pour lancer un appel à nos lecteurs car Marie-Ange KRAMO et Julia DANY sont dans cette configuration.

J'achève ma 3ème saison et je ne suis pas quelqu'un qui renonce face aux difficultés. Nous agissons beaucoup dans l'ombre mais je suis confiante pour l'avenir...tout peut changer très vite!

La Violence aussi dans le Foot Féminin

C : La violence n'a pas épargnée hélas ce week-end le foot féminin (lire l'article à la fin de l'interwiew) J' avais dénoncée lorsqu'en Challenge de France contre le Celtic de Marseille, les joueuses avaient été insultées (par certains) et les coups méchants donnez pendant le match. Que pouvons nous faire pour que cette violence ne se propage pas ?

NA : Le compotement de l'entraîneur pendant le match est primordial et j'essaie pour ma part de ne jamais manifester mon désaccord avec les décisions de l'arbitre ou d'invectiver mon collègue ou les joueuses. Mais je pense que l'essentiel se joue avant le match dans l'affichage de valeur déclinées au quotidien pendant toute une saison et aussi encore plus en amont chez les plus jeunes en instaurant comme une priorité éducative le respect de l'autrectout autant que l'efficacité sportive.

Je connais bien Marie-Thérèse POLICON car Saint-Maur a été un club avec lequel j'ai gagné plusieurs titres de championne de France. Je l'ai eu au téléphone car elle avait entendu parlé de notre passage à Marseille en challenge et de l'ambiance malsaine qui avait entouré ce match tant sur le terrain qu'en dehors.

A postériori j'ai un frisson dans le dos car je suis atterrée par ce qu'elle m'a relatée. Depuis de nombreuses années j'ai alerté des décideurs d'institutions publiques, dans le cadre de fonctions associatives bénévoles, sur les dérives que je constatait sur le comportement des filles qui sont elles aussi concernées très directement par les problèmes de "quartiers". Pour exister, certaines s'identifient aux comportements des garçons.

D'une manière générale, je suis triste de voir que le mépris, l'humiliation, la mise en danger de la vie de l'autre priment sur les valeurs de base du "savoir vivre ensembles". Nous découvrons dans notre monde du football féminin ce qui est du quotidien pour beaucoup et je pense notamment à tous les enseignants qui sont agressés pour un regard un peu appuyé...et il faut surtout que quelqu'un soit là pour filmer la scène et la diffuser le plus possible!

Je souhaite un prompt rétablissement à la joueuse hospitalisée et je fais confiance à nos instances pour accompagner au mieux les dirigeants du Celtic de Marseille qui j'en suis convaincue seront déterminés pour éradiquer, au

moins de leur club, ce mal sociétal qui les dépasse comme nous tous.

L'article

Dans un week-end où la Ligue 1 a connu plusieurs scènes de violences entre supporters, le football féminin a malheureusement été aussi concerné comme le relatait La Provence ce lundi matin, repris par le journal L'Equipe.

Jusqu'à la 4e minute d'arrêt de jeu et l'expulsion d'une joueuse de part et d'autre, la rencontre Celtic Marseille - VGA Saint-Maur (D2 féminine) avait été engagée mais classique. La bien triste prolongation s'est produite en gare de Marseille Saint-Charles.
"Depuis 40 ans que je suis dans le milieu du football, je n'ai jamais vu ça", confie sous le choc Marie-Thérèse Policon présidente de Saint-Maur restée dimanche soir au chevet de sa joueuse hospitalisée. "Après l'échauffourée de la fin de match, nous avons tout fait pour calmer l'esprit de nos joueuses. Mais à la sortie des vestiaires, les incidents ont repris. Les dirigeants marseillais nous ont raccompagnés jusqu'à la station de métro. Après avoir dîné, nous nous sommes rendus à la gare et lorsque nous nous sommes dirigés sur le quai pour prendre place dans le train, les bagarres ont recommencé avec des joueuses de Marseille et des filles qui accompagnaient. Nous nous sommes alors réfugiés dans un wagon pour nous protéger. Mais une de nos joueuses a reçu un coup de casque".
Le train pour Paris de 20 h 29 a ainsi été retardé de 45 minutes et les forces de l'ordre sont intervenues. Une jeune Marseillaise de 13 ans était entendue dans les locaux de la Police et a été remise à ses parents.
"Nous pensions avoir fait notre boulot en les accompagnant jusqu'au métro" a déclaré l'entraîneur marseillais désabusé. "On ne pouvait pas imaginé que cela puisse dégénérer à ce point. J'espère que ça a été filmé car nous ne pouvons pas tolérer de tels agissements de la part de nos joueuses".
Dans les prochains jours, le club tiendra une réunion extraordinaire au cours de laquelle des décisions seront prises.
Source : La Provence du 5 mars 2007

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